Visite du Château Stephen Liégeard à Brochon

Le samedi 4 décembre 2021, une trentaine de nos chers adhérents a été reçue par Madame la Présidente de l’Association des Amis du Château Stéphen Liégeard, à BROCHON.

Épaulée par notre ami Dominique Lanternier, proviseur de ce lycée jusqu’à l’an passé, elle nous a confiés au jeune Eric, ancien élève de l’établissement, pour une visite très bien guidée de ce remarquable édifice.

Une surprenante et magnifique éclaircie météorologique, nous a d’abord permis de découvrir l’ensemble des façades extérieures, baignées d’une très belle lumière. Si au Nord, tout reste simple et presque austère côté rue, de jolies surprises attendent les visiteurs côtés Sud et Est ! Le perron d’entrée et les divers ornements librement inspirés des plus remarquables châteaux de la Loire (Azay le Rideau, Chenonceau, Blois et même Chambord), à l’abri des regards extérieurs, furent la fierté de son célèbre concepteur !

C’est à Stéphen LIEGEARD, né en 1830, héritier d’une riche famille dijonnaise, que nous devons cette réalisation.

Tout commença en 1804 quand Etienne Liégeard, proche des milieux bonapartistes, acquiert une partie du futur domaine, un petit fief appelé Crébillon. En 1843, son fils, Jean-Baptiste, père de Stéphen et futur maire de Dijon, agrandit la propriété. Puis en 1879,  Stéphen complète l’ensemble avec le projet d’y faire bâtir un monument de référence, le dernier d’ailleurs édifié dans le département !

Sous l’égide des architectes Leprince et Perreau, cette colossale construction néorenaissance sera pourtant rapide, de 1895 à 1899, car comme le phylloxéra ruine le vignoble, les petits exploitants viticoles sans travail se trouveront embauchés par Mr Liégeard, dont la devise était : « Il est beau d’être grand, être bon est meilleur » ! La provenance locale des pierres (carrières de Comblanchien essentiellement) fera aussi gagner du temps.

Stéphen Liégeard, avocat puis haut fonctionnaire (il aurait inspiré Alphonse Daudet pour son personnage du «Sous- Préfet aux Champs » !), écrivain et poète ( c ’est lui qui donnera le nom de Côte d’Azur à l’ancienne Riviera, en parallèle à la Côte d’Or !) se sent blessé de ne pouvoir réussir simultanément des carrières politique et littéraire. Cet homme de lettres déçu par le peu de reconnaissance qu’on lui a accordé, voulut marquer les esprits avec une réalisation spectaculaire et à son image. En atteste le lion grandeur nature qui orne l’escalier du vaste hall dont les superbes verrières sont illustrées des lettres S & L enchâssées !

La visite du rez de chaussée nous aura permis de découvrir 3 des 5 pièces dont la bibliothèque, la salle de billard et la salle à manger. Mais le plus surprenant fut dans nul doute la très vaste pièce sous les combles de la tour principale ! Toute en charpente apparente (du pitchpin scandinave pour limiter l’invasion des araignées !), elle était dédiée aux loisirs de Mathilde, l’épouse richissime  de Stéphen, un de ses rares privilèges ! Du mobilier d’époque, rescapé des diverses ventes aux enchères, y est encore entreposé…

Stéphen Liégeard et sa femme ont eu 2 enfants, Alice et Gaston. Ce dernier, passionné de voyages et de photographies (d’authentiques plaques de ses clichés sont d’ailleurs conservées sur place) n’aura pas de descendants. A son décès, c’est donc le seul fils survivant de sa sœur qui aurait dû hériter. Mais ce dernier refusera de léguer… Le château sera alors offert à la municipalité de Brochon (qui reconnaissante avait élu Stéphen maire en 1924, un an avant sa mort !), qui la redonnera à Dijon. Finalement, le château tombera aux mains de l’État et deviendra bâtiment de l’enseignement en 1954, puis lycée en 1962, modifiant alors le bel agencement du parc à l’anglaise.

Ce très intéressant moment culturel de notre patrimoine local fut suivi d’un non moins agréable moment gustatif du terroir bourguignon, agrémenté des vins d’  Isabelle Lippe. Une convivialité nécessaire en ces temps de doutes sanitaires, tout en respectant les gestes barrière !