1. Visite du château de Saint-Point, la maison d’Alphonse de Lamartine

« Ô ! temps ! suspends ton vol… »
Le temps fut court avant d’arriver à Saint-Point, en Saône-et-Loire, où le temps météorologique nimbait d’une poésie particulière le château d’origine médiévale que le père d’Alphonse de Lamartine avait acheté en 1801.
La propriétaire des lieux accueillit la quarantaine d’amopaliens pour une très intéressante visite de cet édifice dont le style anglo-saxon saute aux yeux ! En effet, grâce aux succès de ses écrits, Lamartine et son épouse Mary-Ann ont entrepris une ambitieuse et coûteuse restauration.
Dès l’entrée, le trèfle, emblème de l’écrivain, apparaît au fronton du portique néogothique, que chacun appréciera… ou pas ! On le retrouve également sur la galerie quadrilobée avec terrasse.
Cette demeure, classée « Maison des Illustres » s’est vue agrandie, entre autres, d’une tourelle escalier dans laquelle nous grimpons pour accéder à la chambre et au cabinet de travail classés monuments historiques et donc gardés intacts. Les murs de la chambre de Lamartine sont tendus d’un splendide cuir rouge de Cordoue, la cheminée, dite « Cheminée des Poètes » a été décorée par Marianne, délicate artiste peintre.
Dans le bureau du secrétaire de l’écrivain, l’ensemble des éditions originales de l’homme de lettres est exposé.
Quant à son cabinet de travail avec son plafond courbé, il donne sur la terrasse sud avec une magnifique vue dégagée (sauf par temps de brouillard…) dont Lamartine ne devait guère profiter puisqu’il aimait à s’isoler dans cette « cellule » afin d’y trouver l’inspiration.
Nous visitons également la cuisine et la salle à manger reconstituées. Et surtout le grand salon du rez-de-chaussée où beaucoup d’objets personnels et de souvenirs collectés par Valentine Cessiat, dite Valentine de Saint-Point, arrière-petite nièce et héritière d’Alphonse de Lamartine, sont exposés en un captivant musée.
Alors, il est temps de parler de l’homme !
Alphonse Marie Louis de Pratz de Lamartine est né le 21 octobre 1790 à Mâcon. Il passe son enfance à Milly, dans le sud de la Bourgogne (non loin de Saint-Point !). Il en sera d’ailleurs élu maire à 21 ans. Il va au collège à Lyon, puis à Belley (dans l’Ain) avant de revenir à Mâcon où il mène une existence assez oisive. Il rencontrera une napolitaine en 1811 qui lui inspirera son personnage de Graziella.

En 1816, c’est lors d’une cure à Aix-les-Bains, près du lac du Bourget, qu’il tombe amoureux de Julie Charles. Malheureusement, elle décèdera de la tuberculose un an plus tard… C’est en sa mémoire qu’il a écrit ces vers des plus fameux, « Le Lac » : « […] et vous, heures propices ! / Suspendez votre cours : / Laissez-nous savourer les rapides délices / Des plus beaux de nos jours ! ».
Publiés en 1820 dans « Les méditations poétiques », ses poèmes rencontrent un fulgurant succès qui le propulse immédiatement. Au premier rang de la poésie romantique. Son lyrisme lui attirera l’admiration de Victor Hugo et d’autres, même si Flaubert et Rimbaud resteront plus mitigés !
Lors d’un voyage en Italie où il devient secrétaire d’ambassade, il tombe sous le charme de Mary-Ann-Elisa Birch, aristocrate anglaise et peintre. Pour qu’il puisse l’épouser en 1817, son père Pierre de Lamartine, chevalier de Pratz lui offre en avance d’hoirie (en avance d’héritage) le château familial de Saint-Point, témoin d’un rang social indéniable. Alphonse et Marianne auront une fille, Julia, en 1822, puis un petit Alphonse l’année suivante qui ne vivra que 20 mois…
Poète, romancier, dramaturge (élu à l’Académie Française en 1829) et historien, Lamartine entre en politique dès 1830 lors de la « Monarchie de Juillet ». Il voyagera beaucoup, au Liban en particulier. C’est d’ailleurs à Beyrouth en 1833 que sa fille Julia succombera elle aussi à la tuberculose. Élu député de Mâcon en 1837 (réélu en 1842), il s’engagera dans la révolution de 1848. Ministre du gouvernement provisoire, il proclamera la IIème République. C’est même le 25 février 1848, le lendemain de l’abdication de Louis-Philippe, qu’il s’opposera au choix du drapeau rouge, symbole du sang versé autour du Champ-de-Mars, préférant notre drapeau tricolore qui, lui, a fait « le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. » Son cuisant échec à l’élection présidentielle (0,28% des voix) face à Louis-Napoléon Bonaparte l’écartera définitivement de la vie politique.
Fortement endetté, Lamartine devra vendre le domaine de Milly comme il avait déjà dû le faire à Urcy avec le château de Montculot : « J’ai vendu le château, mais pas les mémoires ; les bois, mais pas l’ombre ; les eaux, mais pas les murmures. Tout cela est dans mon cœur et ne mourra qu’avec moi. » Il quittera aussi le domaine de Saint-Point, s’installera au château de Monceau à Prissé (Saône-et-Loire) pour y produire des « écrits alimentaires ».
C’est à Paris qu’il décéda, le 18 février 1869, dans une maison prêtée, proche de l’actuel square qui porte son nom, dans le 16ème. Lamartine est enterré dans le parc de la propriété familiale de Saint-Point.


2. Visite du Parc du « Hameau Duboeuf »

Le soleil perce quand nous prenons la direction de Romanèche-Thorins où nous sommes attendus au « Hameau Duboeuf ».
Dans ce Parc à thèmes sur la vigne et le vin, le 1er en Europe ouvert en 1993 par Georges Duboeuf (1923-2023), nous profitons d’un repas ponctué de musiques tonitruantes, dont un ban bourguignon ! Le jambon persillé servi en entrée venant de chez Bobosse (René Besson, fameux charcutier de Belleville-en-Beaujolais dans le Rhône) témoigne du goût pour la bonne chair que la famille Duboeuf perpétue après ses rencontres avec de grands chefs : Eugénie Brazier, Georges Blanc, Paul Bocuse, les frères Troisgros…
Repus, nous entamons la visite par la salle des « pas perdus », semblable à un hall de gare des années 1900 d’où partait le vin par voie ferrée. Dans la salle suivante retrace d’ailleurs son transport durant 3500 ans. Dans la salle de muséologie, nous pouvons observer quelques 3000 objets exposés.
Un rapide coup d’œil sur les chais ouverts en 1855 et toujours en activité, et nous voilà dans la salle où sont expliqués géologie, cépages et terroirs. Cette visite pédagogique se poursuit de façon plus ludique puisqu’en immersion grâce à des technologies innovantes (film en 3D, cinéma dynamique…). Ces très intéressants spectacles interactifs nous ravissent.
Pas autant que la petite dégustation proposée juste avant l’incontournable passage en boutique !

« Un soir, t’en souvient-il ? […] »
L’heure de rentrer a sonné après une agréable journée !!!
Texte : Cendrine Garden, membre du Comité Consultatif de l’AMOPA 21
Illustrations : Bruno Manzoni, webmestre AMOPA 21


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du « Château de Saint-Point »
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du Parc du « Hameau Duboeuf »

Article publié le 18/10/2025