Résumé de la conférence de Jean Chaline à l’Association AMOPA, le 26 septembre 2019 au Tremplin de Chenôve.

Origine et évolution de l’espèce humaine

L’objectif était de montrer comment la paléontologie a tout d’abord été la seule discipline à pouvoir étudier le problème de nos origines grâce aux fossiles découverts au quatre coins du monde. Ces fossiles sont des flashs permettant de reconstituer des lambeaux de notre histoire dans un cadre chronologique de plus en plus précis. Nous avons analysé tous les types d’hominidés de la lignée menant à l’homme : Australopithèques africains, hommes archaïques originaires d’Afrique mais ayant colonisé l’Eurasie entre -2 millions d’années et 600 000 ans, puis les Néandertaliens et le Denisoviens qui vivaient depuis 300 000 ans en Eurasie et se sont croisés avec les premiers hommes modernes (Homo sapiens) apparus il y a seulement 170.000 ans. Les mécanismes de l’évolution doivent être recherchés dans la biologie (la génétique avec ses mutations et les remaniements des chromosomes et la biologie du développement avec l’embryologie). Le génome est la mémoire vivante de l’histoire génétique de toutes les  lignées depuis l’origine de la vie, stockée dans chaque cellule des organismes.

La mécanique commune à tous les êtres vivants est celle des mutations qui provoquent des changements dans la chronologie, la vitesse et la durée du développement des lignées et expliquent le passage du plan primate à un plan humain. Le génome propose, mais le milieu dispose.

Arbre généalogique de la lignée humaine avec les espèces connues actuellement.

La génétique a subi ces dernières années une véritable révolution. En mettant à la disposition de l’humanité de nouvelles technologies, les ADN féminin (ADNmt) et les ADN masculin (ADN-Y) elle a permis de mieux nous connaître et en particulier d’évaluer notre position dans l’arbre évolutif de l’espèce humaine. Elle a montré que le flux génique hérité des Néandertaliens est estimé entre 3,4 et 7,3% du génome des hommes modernes. Ce qui veut dire aussi que les 96 % restant du génome des hommes modernes sont d’origine exclusivement africaine. Les Denisoviens ‘auraient’ également contribué entre 4 et 6% du génome de l’ADN nucléaire des Homo sapiens du Sud-Est asiatique.

L’homme a besoin de racines, pour se situer scientifiquement, par rapport à des ancêtres dont il porte dans son ADN les traces indélébiles. La génétique a prouvé d’une façon irréfutable, que tous les hommes modernes ont une origine africaine. Elle permet aujourd’hui de reconstituer les nombreuses migrations et les multiples étapes du peuplement de notre planète depuis 170 000 ans. Il est désormais démontré scientifiquement que nous sommes aussi tous des immigrés africains’. L’évolution du crâne des primates se fait par une contraction du crâne et de la face, une rotation de la base du crâne et un accroissement de la capacité crânienne.

L’anatomie comparée et l‘embryologie a montré que les caractères humains sont en fait des caractères de primate juvénile et les caractères  simiesques sont des caractères de primates adultes qui apparaissent au cours du développement. Les proportions du crâne d’un homme adulte sont celles d’un crâne de chimpanzé de trois ans, celles d’un singe juvénile ancestral commun, mais qui permet en plus, la bipédie à l’état permanent. Pour nos origines, nous avons les preuves indiscutables d’un ancêtre commun à l’homme et aux singes supérieurs. Ce sont la ressemblance génétique à environ 98% des séquences d’acides aminés des chimpanzés et des hommes, le fait que les gorilles, chimpanzés et hommes possèdent en commun 11 chromosomes ancestraux identiques non remaniés : 1, 4, 5, 8, 9, 12, 13, 14, 15, 16, 18 et surtout qu’ils possèdent surtout 7 chromosomes remaniés au même endroit : 2q, 3, 7, 10, 11, 17, 20, ce qui prouve la filiation. Notre arbre généalogique se complète avec les nouvelles découvertes. Mais il reste encore beaucoup à faire.